31/07/2006
Autor: 
Vincent Braun

Le festival anversois a fait carton plein, samedi, pour la première journée pleine de cette édition 2006.
Et comme d'habitude, on y a beaucoup bougé.

Première grosse journée, samedi, pour le festival le plus cosmopolite du pays. Après les deux demi-journées de jeudi et vendredi (lire ci-dessous), le Sfinks a programmé rien moins que seize heures de prestations musicales. Il faut donc tenir sur la longueur. Beaucoup ont établi un mini campement pour souffler entre deux concerts et profiter d'un soleil omniprésent. Serviette de bain, bâche, matelas pneumatique, parasol, mini-tente, hamac, poussette et relax donnent à la prairie du Molenveld des allures de grande plage verte. Du coup, il faut parfois enjamber, souvent contourner, voire slalomer entre ces camps de fortune. Mais le terrain est suffisamment vaste pour pouvoir faire des roues dans l'herbe ou se lancer des ballons gonflés à l'eau...

Dans l'immense Concerttent, le chapiteau abritant la scène principale du festival anversois, la foule compacte laisse aussi le loisir à ceux qui le souhaitent de se balancer sur les rythmes généreux de la musique de Ramata Diakité. Très élégante avec son éclatante robe blanche brodée et son ruban blanc tombant qui lui sert de coiffe, la chanteuse malienne vogue entre groove contemporain et air traditionnel Wassoulou (du nom de sa région). Elle jouera même les percussions, tapant des mains sur la coupole de bois posée au sol et qu'elle enserre de ses jambes.

On bouge davantage encore sur la musique latino des New-Yorkais de Yerba Buena, menés, en noir et blanc, par deux chanteuses. Rythmes afro-cubains, groove et chant (en anglais et espagnol), pas de doute on est du côté des grandes Caraïbes.

Collectif multi-ethnique

La salsa et ses variantes prennent parfois l'allure inattendue d'un vague pogo, comme sur la surprenante reprise du «A Forest» de Cure jouée en guise de finale par les Barcelonais de 08001, soit le code postal de Raval, le quartier central et multi-ethnique de la cité catalane. Le collectif de dix personnes en est l'image: un chanteur arabe, deux autres noirs-africains et une chanteuse asiatique, qui se succèdent à tour de rôle pour des morceaux aux tonalités bien différentes, brassant un nombre invraisemblable de matériaux sonores : vocalises arabisantes, scansions africaines, cordes orientales, boucles électro, beats ragga-reggae, le tout porté par une section rythmique (basse-batterie) puissante et une guitare soul et funky, et souvent rock.

Rien n'arrête ceux qui ont le rythme dans la peau. Pas même la configuration assise de la Clubtent. Après le folk-blues feutré de l'Angolais Wyza, les Bulgares du Martin Lubenov Orkestar font bondir le parterre avec leurs mélodies tziganes aux rythmiques effrénées. Mention spéciale à l'accordéon et aux cuivres (saxophone, trompette et clarinette) qui mettent le feu aux sièges. Ceci expliquant peut-être cela.

© La Libre Belgique 2006